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Origine des produits dérivés des boutiques de musées

En matière de tourisme, la France cumule les premières places : selon le Quai d’Orsay, la France est la première destination touristique mondiale, avec l’accueil de 83,7 millions de personnes en 2015. Le Louvre est le musée le plus visité au monde, avec plus de 9,3 millions de visiteurs ! Ne sont pas en reste les musées d’Orsay, du Quai Branly ou encore le Château de Versailles, ce dernier ayant accueilli 7,5 millions de visiteurs en 2013.


Cette attractivité culturelle majeure profite-t-elle aux producteurs, artisans et salariés français ? Les musées qui capitalisent sur l’Histoire de notre pays participent-ils à sa prospérité présente et future ? Ce patrimoine public largement financé par les contribuables profite-t-il de son activité pour alimenter l’activité industrielle des usines et ateliers soumis aux impôts français ?


Origine des produits dérivés des boutiques des musées

La FIMIF s’est intéressée à la provenance des objets vendus dans les boutiques officielles des musées et proposés à leurs visiteurs. Elle s’est rendue dans treize boutiques de musées, représentant à elles seules environ 58% du nombre total des entrées dans les musées de France.

Le résultat est sans appel : seule 30% de l’offre proposée est de fabrication française (cf. le tableau comparatif et l’infographie, p4 et p5). Les boutiques du Château de Versailles sont les plus engagées avec une offre à 63% Made in France, suivi par le Louvre (47%) et le musée Fabre (40%). En milieu de tableau, la Tour Eiffel (17%), le Grand Palais (30%) et le musée d’Orsay (25%) ont des résultats peu glorieux et d’autant moins acceptables qu’il s’agit de sites touristiques majeurs dont les considérables retombées économiques profitent à d’autres industries que celles de la France. En bas de classement, la boutique du musée Branly et celle du Muséum d’Histoire Naturelle n’offrent que 7% et 10% de produits Made in France à leurs visiteurs.

Coté offre, si des produits tels que les coussins (75%) ou les boules de neige (58%) sont majoritairement Made in France en boutique, nous n’avons en revanche identifié aucun T-shirt de confection française. Lors de nos visites dans les boutiques, nous avons identifié deux catégories d’articles :

  • Des articles dits « haut de gamme », pour une large majorité d’origine française, où l’on retrouve de grands noms de notre patrimoine artisanal et industriel, tels que la porcelaine de Limoges avec la marque Bernardeau, la porcelaine de Gien, ou encore les soieries Brochier.

  • Une série d’articles à bas coût, majoritaire en volume et presque tous fabriqués à l’étranger, principalement en Asie. L’offre Made in France existe pourtant pour ces produits (cf. notre liste de fournisseurs d’articles Made in France, p19).


Coté transparence, pratiquement 4 produits sur 10 (36%) ne disposent d’aucune information d’origine. Nous avons en outre constaté dans plusieurs musées des pratiques visant à masquer une origine de production exotique, les étiquettes du musée masquant l’indication de provenance inscrite sur le produit (cf. Versailles, p8 ou Art Décoratifs, p13). Lorsque les marques sont questionnées sur la provenance des produits, elles restent vagues, faisant référence à une conception française au lieu d’une production française, ou à une zone géographique large (ex : l’Extrême Orient) au lieu d’un pays. D’autres, refusent tout simplement de nous renseigner (cf. Louvre, p9). Notons également de nombreux cas de « vernissage au français » (aussi appelé « frenchwashing ») où les marques tentent de tromper le consommateur sur le lieu d’origine du produit en ayant recours à des pratiques que la FIMIF dénonce régulièrement : maroquinerie réalisée à Maurice ou en Chine et sur laquelle on appose un drapeau tricolore ; un nom de marque à la consonance française évocatrice ou contenant « Paris », et n’ayant de parisien que le lieu de distribution. De même, l’utilisation d’indicateurs peu lisibles tel que « Made in PRC » (Popular Republic of China) à la place de « Made in China », complexifie la lecture pour le consommateur.

Coté achat et organisation, les boutiques de musées sont organisées de deux manières. Elles sont soit gérées de manière indépendantes, soit exploitées par une structure gérant les boutiques de plusieurs musées. Ces groupements agissent comme des centrales d’achats :

  • La Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais (RMN-GP) est concessionnaire de plus d’une quarantaine de boutiques de musées, et ce dans toute la France, sous le site boutiquesdemusees.fr.

  • Artéum, un autre consortium, implanté en région parisienne, fonctionne lui aussi comme un concessionnaire en exploitant en commun plusieurs boutiques de musées.

Ces exploitations commerciales par des structures communes devraient leur permettre d’agir également comme une centrale d’achat permettant d’optimiser les commandes et par effet d’échelle de négocier des tarifs avantageux et donc de baisser le prix unitaire des produits made in France. Hors, ces centrales ne profitent qu’assez peu de cet avantage pour proposer des produits français puisque leur offre Made in France (33%) n’est pas satisfaisante, même si elle est sensiblement supérieure à celle des indépendants (22%).


Fort de ce constat, la question d’un autre modèle pour les musées se pose. La France inspire le monde de par son art, mais ne propose que très peu d’articles provenant de ses usines. Les centrales d’achat dont disposent les deux principaux opérateurs devraient leur permettre de réaliser des économies d’échelles en commandant de grandes quantités. Ces commandes assureraient des débouchés considérables à nos entreprises. Quant aux délais de livraison (3 mois par containers), rappelons qu’une fabrication locale permet une flexibilité et une réactivité accrue.

Pour conclure, selon des enquêtes menées par la RMN-GP, leurs clients sont demandeurs de produits Made in France. Dès lors la FIMIF invite les responsables des achats à veiller à produire un étiquetage factuel et transparent sur l’ensemble de leur gamme, et d’autre part à davantage étoffer leur offre de produits hexagonaux, afin de ne plus proposer aux touristes étrangers, des produits potentiellement fabriqués dans leur propre pays…



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