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16 Mai 2019 - Du made in France dans nos boutiques de musées ?



En matière de tourisme, la France cumule encore et toujours les premières places : selon le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, la France est, cette année encore, la première destination touristique mondiale, avec l’accueil de près de 90 millions de personnes en 2018. Le Louvre est une nouvelle fois le musée le plus visité au monde, avec plus de 10 millions de visiteurs en 2018, toutes nationalités confondues. Ne sont pas en reste les musées d’Orsay, du Quai Branly ou encore le Château de Versailles, ce dernier ayant accueilli 8 millions de visiteurs en 2018.


Cette attractivité culturelle majeure profite-t-elle aux producteurs, artisans et salariés français ? Les musées qui capitalisent sur l’Histoire de notre pays participent-ils à sa prospérité présente et future ? Ce patrimoine public largement financé par les contribuables profite-t-il de son activité pour alimenter l’activité industrielle des usines et ateliers soumis aux impôts français ? La FIMIF s’est intéressé pour la seconde fois à la provenance des objets vendus dans les boutiques officielles des musées et proposés à leurs visiteurs. Elle s’est rendue dans treize boutiques de musées et sites touristiques, représentant à elles seules la moitié du nombre total des entrées dans les musées de France.


Le résultat est sans appel : seule 22% de l’offre proposée est de fabrication française (cf. le tableau comparatif et l’infographie, p4 et p5), en nette régression par rapport à l’étude de 2016 (30%). La Boutique du Musée du Luxembourg est la plus engagée avec une offre à 45% Made in France, suivie par les boutiques du Château de Versailles (33%) et du Louvre (32%). Force est de constater la chute de ces deux anciens premiers de la classe, qui avait des produits hexagonaux pour respectivement 63% et 47 % de leurs offres. En milieu de tableau, le musée d’Orsay (30%; +5pts), le Musée d’Histoire Naturelle (25% , + 15 pts) améliorent partiellement leurs référencements. En bas de classement, la boutique du musée de l’Armée et celle du Quai Branly n’offrent que 16% et 6% de produits Made in France à leurs visiteurs. Le Mont Saint-Michel, nouvel entrant et haut lieu touristique français, déçoit fortement avec une proposition MIF de 8%.

Enquete-FIMIF-Origine-des-produits-derives-boutiques-de-musees-2019
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Coté offre, si des produits tels que les coussins (67%) ou les boules de neige (>60%) sont majoritairement Made in France en boutique, nous n’avons qu’un seul exemplaire de T-shirt de confection française. Lors de nos visites dans les boutiques, nous avons identifié deux catégories d’articles :

– Des articles dits « haut de gamme », pour une large majorité d’origine française, où l’on retrouve de grands noms de notre patrimoine artisanal et industriel, tels que la porcelaine de Limoges avec la marque Bernardaud, la porcelaine de Gien, ou encore les soieries Brochier.

– Une série d’articles à bas coût, majoritaire en volume et presque tous fabriqués à l’étranger, principalement en Asie. L’offre Made in France existe pourtant pour ces produits (cf. notre liste de fournisseurs d’articles Made in France.)


Coté transparence, aucun produit n’est désormais strictement transparent sur son origine. Nous avons en outre constaté dans plusieurs musées des pratiques visant à masquer une origine de production exotique, les étiquettes du musée masquant l’indication de provenance inscrite sur le produit (cf. Musée de l’armée). Lorsque les marques sont questionnées sur la provenance des produits, elles restent vagues, faisant référence à une conception française au lieu d’une production française, ou à une zone géographique large (ex : l’Extrême Orient) au lieu d’un pays. D’autres, refusent tout simplement de nous renseigner (cf. Musée de l’armée). Notons également de nombreux cas de Franco-lavage, pratique que la FIMIF dénonce régulièrement : maroquinerie réalisée Chine et sur laquelle on appose un drapeau tricolore ; un nom de marque à la consonance française évocatrice ou contenant « Paris », et n’ayant de parisien que le lieu de distribution. De même, l’utilisation d’indicateurs peu lisibles tel que « Made in PRC » (Popular Republic of China) à la place de « Made in China », complexifie la lecture pour le consommateur.


Coté achat et organisation, les boutiques de musées sont organisées de deux manières. Elles sont soit gérées de manière indépendantes, soit exploitées par une structure gérant les boutiques de plusieurs musées. Ces groupements agissent comme des centrales d’achats :

– La Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais (RMN-GP) est concessionnaire de plus d’une quarantaine de boutiques de musées, et ce dans toute la France, sous le site boutiquesdemusées.fr. Cet organisme public a contribué à augmenter l’opacité sur l’origine des produits, en éditant des gammes entières (i.e. Cartes postales) sans aucune indication de provenance.

– Artéum, un autre consortium, implanté en région parisienne, fonctionne lui aussi comme un concessionnaire en exploitant en commun plusieurs boutiques de musées.

Ces exploitations commerciales par des structures communes devraient leur permettre d’agir également comme une centrale d’achat permettant d’optimiser les commandes et, par effet d’échelle, de négocier des tarifs avantageux afin de baisser le prix unitaire des produits made in France.


Fort de ce constat, la question d’un autre modèle pour les musées se pose. La France inspire le monde de par son art, mais ne propose que très peu d’articles provenant de ses usines. Les commandes de ces boutiques assureraient des débouchés considérables à nos entreprises. Quant aux délais de livraison (3 mois par containers), rappelons qu’une fabrication locale permet une flexibilité et une réactivité accrue. Pour conclure, il importe surtout d’inverser la tendance et d’étoffer l’offre de produits hexagonaux de ces acteurs, afin de ne plus proposer aux touristes étrangers des produits potentiellement fabriqués dans leurs propres pays…



Origine des produits dérivés des musées

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