Quelques chiffres
Selon un sondage réalisé par la FIMIF en avril 2016 auprès de 1014 personnes, le consommateur se soucie de plus en plus des impacts environnementaux, sociétaux et sanitaires des produits qu’il achète. Il achète français en réponse aux enjeux économiques (87%), environnementaux (74%) et sociaux (62%) de la France. Selon la même enquête, une très forte majorité de consommateurs est en faveur de l’éco-conception et de la traçabilité des produits : 98% souhaitent voir le marquage d’origine rendu obligatoire. Cet intérêt se traduit dans le choix des produits achetés. Une étude IFOP réalisée en août 2015 recense également les secteurs pour lesquels les produits fabriqués en France sont privilégiés (voir annexe). Enfin, 71 % des Français seraient enclins à payer plus pour un produit fabriqué en France.
Les problématiques liées à la fabrication française
Pour les entreprises ayant fait le choix de fabriquer en France, il se pose la question du maintien et du développement des capacités de production. Une grande partie de cette capacité a été délocalisée ces 20 dernières années ou a été simplement abandonnée face à la concurrence étrangère. Ce problème se retrouve dans d’autres pays européens, tels que l’Italie et la Suisse, qui ont promis de faire renaitre leurs « Made In ».
La FIMIF a procédé à une analyse des problématiques auxquelles sont confrontées les entreprises qui fabriquent en France. Pour les adhérents professionnels de la FIMIF, que nous avons interrogés, la problématique du recrutement et de la perte des vocations et du savoir-faire arrivent nettement en tête des préoccupations. Les Ateliers du Made in France ont été mis en place en vue de traiter collectivement de cette problématique.
L’édition 2017 des Ateliers du Made in France, dont nous vous restitutions les conclusions aujourd’hui, s’est déroulée autour de 2 tables rondes, réunissant chacune une quinzaine d’acteurs. La première partie de la journée a été consacrée à la structuration des idées ; la deuxième partie a été consacrée à la « validation » des idées.
Note de synthèse
La question traitée en atelier a été formulée comme suit :
Face aux difficultés de recrutement des entreprises et au désintérêt grandissant des jeunes générations, comment rendre de nouveau attrayants les emplois manufacturés en France ?
Parmi les principales problématiques que rencontrent les métiers manufacturés et artisanaux, citons le fait que:
- Les métiers de création ont pris le pas sur les métiers de production, à grand renfort de communication et de marketing et à point tel que ces métiers de production sont aujourd’hui souvent perçus comme une voie de garage pour celles et ceux qui « n’ont pas réussi ».
- Le phénomène de délocalisation de la production des années 90 et 2000 vers les pays à bas coûts à renforcer davantage encore cette image et le désintérêt des plus jeunes vers un métier susceptible de ne plus exister demain sur le territoire.
- Par voie de conséquence, les salaires ont été tirés vers le bas comparativement aux métiers de création et de communication qui eux, se sont envolés et ont vu le budget qui leur est alloué exploser (contrats mirobolants signés avec des stars pour devenir ambassadeurs de marques, expérience client en boutique…). De plus, les organismes de formation ont été désertés et ont fermé leurs portes, renforçant l’impossibilité à court terme de reformer une génération sur des métiers et des savoir-faire voués à disparité si rien n’est entrepris ces prochaines années.
- D’une manière générale, il existe une grande « ignorance » de la société quant à l’importance du travail manufacturé. Les grands décideurs qui misent tout sur l’innovation de rupture oublient trop souvent que, pour innover, il est très souvent nécessaire d’être en contact direct avec les sites industriels. De plus, cette innovation de rupture est souvent celle qui bénéficie de toute la lumière médiatique et des plus gros investissements, au détriment de l’innovation incrémentale, liée par exemple à l’amélioration des processus de production existant, et dont la valeur ajoutée est tout aussi importante, si ce n’est plus..
Les idées proposées en atelier ont été synthétisées sous forme de tableaux dans les pages qui suivent, autour de trois axes complémentaires :
- La nécessité de valoriser et d’augmenter l’attrait des métiers de la production et de l’artisanat
- La nécessité de sensibiliser l’opinion à ces métiers
- La nécessité de faire rayonner ces métiers
Il est frappant de constater à quel point innovation et valorisation des savoir-faire sont jugés critiques autant que mutuellement bénéfiques.
Nous vous invitons à découvrir maintenant dans le dossier de synthèse l’ensembles des idées et pistes d’actions évoquées.